Monique Halm-Tisserant
Dans la Grèce ancienne, la frontière (horos), entité géopolitique, délimite le territoire de la Cité : la chôra. Dans ce cadre territorial, les Grecs distinguent le centre de la périphérie, opposant l'espace de la cité aux extrémités du territoire (eschatiai), la civilisation à la nature sauvage. Face à la souillure que répand le sang versé, la pénalité perçoit la frontière comme un lieu d'éviction, « sur » ou « par-delà » lequel s'exécutent les peines capitales. Ce bornage territorial s'impose comme l'archétype symbolique de toutes les frontières : cosmique, physiologique, anatomique. Les termes du monde – montagnes, gouffres – structurent la hiérarchie verticale de l'univers : ciel, terre, enfers. Renversée lors des festins cannibales que Tantale et Lycaon servent aux dieux, la table rétablit la frontière physiologique (divin/mortel) que l'alimentation carnée voulait annihiler. Le déni de l'acte cannibale entraîne chez Térée et Thyeste la régurgitation des chairs : le pylore, porte du ventre, répond à la « frontière » qui, dans le Timée , cloisonne dans la tête l'âme rationnelle. Obturations et passages, les frontières ont leur gardien, Hermès, qui en est aussi le transgresseur attitré.
Monique Halm-Tisserant est diplômée de l'Institut d'Études Politiques, docteur en Sciences de l'Antiquité et Maître de conférences retraitée de l’université de Franche Comté. Parmi ses ouvrages : Cannibalisme et immortalité. L'enfant dans le chaudron en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2007), ou encore Réalités et imaginaire des supplices en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2013)
Dans la Grèce ancienne, la frontière (horos), entité géopolitique, délimite le territoire de la Cité : la chôra. Dans ce cadre territorial, les Grecs distinguent le centre de la périphérie, opposant l'espace de la cité aux extrémités du territoire (eschatiai), la civilisation à la nature sauvage. Face à la souillure que répand le sang versé, la pénalité perçoit la frontière comme un lieu d'éviction, « sur » ou « par-delà » lequel s'exécutent les peines capitales. Ce bornage territorial s'impose comme l'archétype symbolique de toutes les frontières : cosmique, physiologique, anatomique. Les termes du monde – montagnes, gouffres – structurent la hiérarchie verticale de l'univers : ciel, terre, enfers. Renversée lors des festins cannibales que Tantale et Lycaon servent aux dieux, la table rétablit la frontière physiologique (divin/mortel) que l'alimentation carnée voulait annihiler. Le déni de l'acte cannibale entraîne chez Térée et Thyeste la régurgitation des chairs : le pylore, porte du ventre, répond à la « frontière » qui, dans le Timée , cloisonne dans la tête l'âme rationnelle. Obturations et passages, les frontières ont leur gardien, Hermès, qui en est aussi le transgresseur attitré.
Monique Halm-Tisserant est diplômée de l'Institut d'Études Politiques, docteur en Sciences de l'Antiquité et Maître de conférences retraitée de l’université de Franche Comté. Parmi ses ouvrages : Cannibalisme et immortalité. L'enfant dans le chaudron en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2007), ou encore Réalités et imaginaire des supplices en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2013)
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