On dit habituellement que les frontières séparent, divisent, isolent. De la démocratie on dit qu’elle a le goût de l’artifice, et qu’elle pratique l’art de la séparation : elle distingue le public du privé, la société politique de la société civile, la religion du politique. Or une frontière est précisément ce que deux entités ont en partage : de quelle couleur serait la ligne de démarcation entre une tache noire et un fond blanc ? Et la démocratie peut jouer avec les règles, son art ne se borne pas à séparer, il se joue aussi de cette séparation.
Les frontières nouent autant qu’elles distinguent, elles sont ponts et portes, elles ne sont jamais données, leur seuil se négocie quotidiennement, notamment dans l’espace urbain. Une excursion vers les marges le fait voir, vers le particulier qui permet de mieux éclairer l’ordinaire.
Poser la question de la frontière et du sens de l’espace permet une approche à la fois plus fine et plus épaisse des dilemmes habituels auxquels est confrontée la démocratie libérale.
Plus fine car les lignes de démarcation se ressoudent lorsqu’on les évalue à l’aune de questions concrètes, comme celle du partage de l’espace urbain. Plus épaisse car elle nous oblige à reposer le sens de la doctrine : dans quelles conditions la démocratie libérale peut-elle jeter un pont entre les rives qu’elle a distinguées ?
Que serait un art de la séparation autrement compris ?
Astrid von Busekist est professeur de théorie politique à Sciences Po, chercheur au CERI. Elle est rédactrice en chef de la revue Raisons Politiques. Elle travaille sur la politique des langues, l’objet de sa thèse de doctorat et de nombreuses publications (« Lingua politica. Réflexions sur l’égalité linguistique », Le Philosophoir, L’égalité, Vrin, 2012), le nationalisme et la question des frontières (avec P. Savidan, Justes Frontières, Presses Universitaires de Rennes, à paraître ; Portes et murs. Essai sur les frontières en démocratie, Albin Michel, 2016).
Les frontières nouent autant qu’elles distinguent, elles sont ponts et portes, elles ne sont jamais données, leur seuil se négocie quotidiennement, notamment dans l’espace urbain. Une excursion vers les marges le fait voir, vers le particulier qui permet de mieux éclairer l’ordinaire.
Poser la question de la frontière et du sens de l’espace permet une approche à la fois plus fine et plus épaisse des dilemmes habituels auxquels est confrontée la démocratie libérale.
Plus fine car les lignes de démarcation se ressoudent lorsqu’on les évalue à l’aune de questions concrètes, comme celle du partage de l’espace urbain. Plus épaisse car elle nous oblige à reposer le sens de la doctrine : dans quelles conditions la démocratie libérale peut-elle jeter un pont entre les rives qu’elle a distinguées ?
Que serait un art de la séparation autrement compris ?
Astrid von Busekist est professeur de théorie politique à Sciences Po, chercheur au CERI. Elle est rédactrice en chef de la revue Raisons Politiques. Elle travaille sur la politique des langues, l’objet de sa thèse de doctorat et de nombreuses publications (« Lingua politica. Réflexions sur l’égalité linguistique », Le Philosophoir, L’égalité, Vrin, 2012), le nationalisme et la question des frontières (avec P. Savidan, Justes Frontières, Presses Universitaires de Rennes, à paraître ; Portes et murs. Essai sur les frontières en démocratie, Albin Michel, 2016).
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